Santiago, de notre correspondant.
Oh! les beaux jours et les folles virées nocturnes en galante compagnie... C'était hier: la monnaie retrouvait sa valeur, la croissance reprenait et l'opinion publique portait aux nues ce petit homme frêle, au verbe terne mais au sourire séducteur. Las! Carlos le bien-aimé, quatrième président péroniste de l'histoire argentine, est devenu Menem le maudit, chef d'une nation en crise rongée par le chômage et empoisonnée par des affaires, souvent criminelles, qui plongent la fin de règne dans une atmosphère de règlement de comptes. Rassembleur. «Menem? Un marginal», affirme Marcelo Parili, avocat spécialisé dans la défense des Droits de l'homme, avant d'égrener son explication: «Il est issu d'une famille d'immigrés syriens, alors que le gros de la population est d'ascendance italienne ou espagnole. Sa carrière politique commence dans la province périphérique de la Rioja, dont il a été gouverneur; et au sein du mouvement péroniste, il a longtemps fait figure d'outsider pittoresque, plus célèbre pour ses rouflaquettes que pour l'originalité de ses idées.» Se hisser au pouvoir, dans ces conditions, a tout d'une gageure. Il y parvient pourtant à l'élection présidentielle de 1989. La clé de son succès: avoir su rassembler sous sa houlette les fractions et courants les plus disparates, depuis les hommes liges de l'amiral Massera, l'un des piliers de la dictature militaire (1976-1983), jusqu'aux anciens Monteneros, rescapés de la guérilla péroniste d'