Jamais le tout-puissant chef d'état-major de l'armée, le général
Mohamed Lamari, n'avait rompu le silence. Il l'a fait, hier, dans un long entretien publié dans la revue de l'armée El Djeïch, repris par toute la presse, et qui vise surtout à défendre une «armée républicaine promoteur des droits de l'homme», tout en admettant certains dépassements. «Il n'est pas exclu, dit-il, que des exactions aient eu lieu venant d'individus agissant isolément ("). Mais il s'agit d'une proportion infime qui n'entache en rien l'institution militaire et les forces de sécurité.» Il nie, en revanche, toute «passivité» des forces de l'ordre lors des massacres: «D'une manière générale, là où l'alerte a fonctionné à temps, (leurs) interventions ont été efficaces. Par contre, là ou l'alerte n'a pas été donnée à temps par complicité, neutralisation ou tromperie, les bilans ont été lourds.»
Son démenti sur les «dissensions» dans l'armée et son appréciation sur la situation sécuritaire qui a connu «une certaine dégradation à la fin de l'été» semblent plus révélateurs du conflit actuel au sommet de la hiérarchie militaire. Cette reconnaissance apparaît, en effet, comme un désaveu des déclarations du chef de l'Etat, Liamine Zeroual, et de son Premier ministre qualifiant le terrorisme de «résiduel». Le général Lamari attribue, en outre, les «rumeurs de dissension» à une campagne «distillée par certains milieux étrangers» au moment où circulent, notamment à Paris, des documents trop bien informés pour ne pa