Trop c'est trop. Le paradoxe aura sans doute été que le vase déborde
après les élections ayant le moins mobilisé les Algériens. La révolte avait déjà grondé après les législatives de juin. Mais les partis politiques, redoutant une provocation ou otages d'une alliance discrète avec un clan du pouvoir, s'étaient résolus à calmer leur «base». La partialité de l'administration en faveur du RND, le parti présidentiel, et les menaces physiques contre certaines formations d'opposition laissaient augurer le pire pour les municipales. Le truquage massif et flagrant de leurs résultats aura montré que si, en Algérie, le pire est toujours à venir, la patience de la rue a ses limites.
Exaspération populaire. L'effervescence des militants, le succès de la marche organisée lundi par le FFS puis, hier, de la première manifestation unitaire qu'ait connue l'Algérie depuis 1'«ouverture politique» de 1989 ont signifié l'ampleur du ras-le-bol. Une lame de fond créée par l'exaspération d'une population qui refuse qu'on se moque d'elle lors de chaque scrutin, qui n'en peut plus des promesses jamais tenues, de la violence et d'une misère qui contraint des familles à choisir, faute de moyens, lequel de leurs enfants, un garçon bien sûr, elles enverront à l'école, pendant que par centaines circulent à Alger les voitures dernier cri vues la veille dans les publicités télévisées...
Mais si le ras-le-bol est assez fort pour faire naître un grand mouvement populaire, il y a peu de chance que celui-ci puisse