Menu
Libération

Turquie: un prisonnier encombrant. Le cas Yagmurdereli, avocat de la cause kurde, divise la classe politique.

Article réservé aux abonnés
publié le 1er novembre 1997 à 13h07

Istanbul de notre correspondant

On l'appelle déjà «le Mandela turc». L'avocat aveugle Esber Yagmurdereli, 50 ans, emprisonné le 19 octobre pour son engagement en faveur des droits de l'homme et de la cause kurde, risque de rester en prison jusqu'à l'an" 2020. Son sort divise comme jamais l'opinion publique turque en deux camps. Pour la gauche et les libéraux, Esber Yagmurdereli est évidemment un prisonnier politique. La droite, à l'exception des islamistes, estime que l'avocat aveugle a bien commis un crime contre les intérêts de l'Etat, en défendant «les terroristes séparatistes», dans un discours politique lors d'une réunion publique, organisée le 8 septembre 1991 à Istanbul par l'Association des droits de l'homme. Visiblement embarrassé par l'écho international suscité par cette affaire, le président de la République Süleyman Demirel, droite conservatrice, a déclaré qu'il allait amnistier Yagmurdereli, même si ce dernier refuse tout pardon personnel. Le Premier ministre, Mesut Yilmaz, est plus hésitant mais la cohésion de la coalition gouvernementale est mise à rude épreuve. L'ensemble des députés du Parti de la gauche démocratique (présidé par le vice-Premier ministre Bülent Ecevit) et les sociaux-démocrates de Denyz Baikal, cherchent une formule juridique pour libérer ce prisonnier symbole mais ne semblent pas être prêts pour une réforme radicale garantissant une liberté d'expression totale. La majorité des chroniqueurs de la presse turque, ainsi que les chaînes privées