Pour la première fois, grâce à une étude scientifique sur les causes
de mort entreprise par Médecins sans frontières (MSF), la persécution des réfugiés hutus rwandais à travers l'ex-Zaïre, entre septembre 1996 et juillet 1997, sort de l'horreur inquantifiable et, même si ce n'est que pour un groupe restreint, peut être chiffrée de façon précise. Le résultat: à supposer un groupe de cent personnes ayant fui, l'automne dernier, les camps dans l'est du Zaïre qui furent alors attaqués par les «rebelles» de Laurent-Désiré Kabila et, en vérité, surtout par l'armée rwandaise, 17 d'entre elles atteindront, au terme d'une errance de 1 500 km à travers la forêt équatoriale, un lieu sûr au Congo-Brazzaville. L'une aura trouvé le moyen de rentrer au Rwanda par ses propres moyens, une autre d'y être rapatriée par le Haut Commissariat pour les réfugiés (HCR). Une troisième sera morte de maladie et une quatrième d'un accident, par exemple en franchissant un fleuve sur un radeau de fortune. Vingt personnes auront été tuées sous les yeux de leurs parents. Enfin, catégorie résiduelle faute de témoin, 60 personnes auront «disparu». MSF relève que «les taux de disparition augmentent de façon synchrone avec les taux de mortalité, ce qui fait craindre que beaucoup parmi ces disparus soient décédés». En conclusion, l'ONG médicale estime que «ces réfugiés ont été tués avec une rare sauvagerie indépendamment de leur sexe, de leur âge ou de leur éventuelle participation au génocide des Tutsis au Rwa