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Libération

Une deuxième Muraille de Chine pour détourner le fleuve Yang Tsé

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Samedi, des millions de tonnes de roches seront déversées dans le lit du monstre liquide, pour construire le plus grand barrage du monde; 1,2 million de personnes seront déplacées.
publié le 8 novembre 1997 à 13h06

C'est un défi humain face à l'histoire et à la nature. Les ingénieurs chinois doivent pour la première fois samedi changer le cours du fleuve Yang-Tsé, afin de poursuivre les travaux, contestés, du barrage des Trois Gorges, le plus grand ouvrage jamais réalisé dans le monde.

A croire que pousser les fleuves hors de leur lit pour les embastiller, ensuite, face à des digues gigantesques est devenu le passe-temps favori des technocrates chinois! Voila dix jours, une autre équipe, à laquelle participait la société d'ingénierie française Spie-Batignolles, a dérivé l'autre grand monstre liquide, le fleuve Jaune, au niveau du barrage de Xiaolangdi. A cet endroit, le fleuve, qui serpente sur les plateaux de loess, au nord de la Chine, était encore large de 106 mètres avec un débit de 150 m3 par seconde.

Actuellement, la partie du Yang-Tsé qui reste à combler de cailloux n'est plus large que de 40 mètres. Mais sa profondeur est de 60 mètres, et son débit de 14 000 à 19 000 m3 par seconde. Deux fois plus que la pression qui existait lors du bouclage du barrage d'Itaipu, au Brésil, considéré jusqu'à présent comme le plus grand ouvrage hydroélectrique du monde. Face au projet des Trois Gorges, il fait désormais figure de maquette!

Canal de dérivation. Bientôt, des centaines de camions vont se lancer dans un ballet infernal pour charrier, des heures durant, des millions de tonnes de gravats et de roches dans les eaux grises. La scène, présentée comme un spectacle hautement