«La population civile prise au piège de la violence»: ce titre
résume à lui seul le sens du dernier rapport d'Amnesty sur l'Algérie rendu public hier au siège des Nations unies à New York. Son intérêt principal réside incontestablement dans le retour minutieux sur les grands massacres qui ont eu lieu à l'automne aux portes d'Alger et sur les «questions graves soulevées par l'absence d'enquête sur ces tueries et par l'incapacité apparente ou la réticence de l'armée et des forces de sécurité à prendre des mesures adéquates pour protéger la population». Deux mois et demi après ces massacres, le constat quasi clinique dressé par Amnesty est d'autant plus accablant pour les forces de sécurité qu'il confirme les dires des journalistes, des observateurs algériens et étrangers, et prouve l'absence de protection des populations civiles. «La plupart des tueries ont été commises non loin de la capitale, dans les régions d'Alger, de Blida et de Médéa, les plus militarisées du pays. Elles sont le fait de groupes importants d'hommes qui quittent leur cachette supposée dans les montagnes pour se rendre dans les villages, traversant des routes principales pour perpétrer des massacres qui durent plusieurs heures à quelques kilomètres, voire quelques centaines de mètres, de casernes ou d'avant-postes de l'armée et des forces de sécurité. Toutefois, malgré les cris et les appels à l'aide des victimes, les coups de feu, la fumée s'élevant des maisons incendiées, les forces de sécurité ne sont