Genève, de notre correspondant.
Un demi-siècle après les faits, la polémique née de l'or des nazis en Suisse a démontré une nouvelle fois que l'argent a parfois une odeur qui corrode la réputation des banques. Dictato-dollars, caisses noires des partis politiques, argent des chefs d'Etat, les sommes ont beau être marginales par rapport aux dizaines de milliards que représente la gestion de fortunes en Suisse, l'argent «politique» légalement ou frauduleusement acquis représente aujourd'hui une clientèle à risques.
Fonds bloqués. Depuis les années 80, les centaines de millions de francs provenant des dirigeants déchus Marcos (Philippines, 2,4 milliards de FF), Duvalier (Haïti, 600 millions de FF), Traore (Mali, soupçonné d'avoir mis à l'abri 13,5 milliards dont 6 en Suisse), Ceausescu (Roumanie, accusé par Bucarest d'avoir caché en Suisse 2 milliards de FF en or), Noriega (Panama, accusé d'avoir placé 85 millions de FF en Suisse), Shalck-Goldowski (trésorier de l'ex-Allemagne de l'Est qui aurait blanchi des fonds) ont relancé l'image d'une Confédération helvétique receleuse de capitaux d'origine peu ragoûtante. Derniers épisodes: à la mi-octobre, quelque 80 millions de FF appartenant à la famille Bhutto et entreposés dans sept banques genevoises ont été bloqués par les autorités helvétiques. Mesures prises à la suite de l'ouverture d'une procédure de corruption par le gouvernement pakistanais contre l'ex-Premier ministre Benazir Bhutto, son mari, Asif Ali Zardiri, ainsi que