Pour le plus grand embarras d'Elf, la guerre du Congo risque de se
poursuivre devant le tribunal de grande instance de Paris. En sa qualité de président élu en 1992, Pascal Lissouba, renversé à la mi-octobre par le général Denis Sassou N'Guesso, a en effet déposé plainte avec constitution de partie civile, il y a six jours. Il accuse la compagnie pétrolière et ses dirigeants nommés un par un, à commencer par son PDG Philippe Jaffré mais à l'exception notable d'André Tarallo, le «monsieur Afrique» d'Elf pendant un quart de siècle, de complicité de destructions volontaires, d'actes de terrorisme, de complicité d'homicides ayant entraîné la mort de 5 000 à 15 000 civils à Brazzaville, de complicité de meurtres et d'assassinats, ainsi que d'association de malfaiteurs. Déjà, le 14 novembre, le ministre du Pétrole de l'ancien régime a adressé une sommation interpellative à Frédéric Isoard, directeur général des hydrocarbures d'Elf Aquitaine et président d'Elf Congo, afin que celui-ci cesse tout versement de redevances au général Sassou N'Guesso, «coupable de haute trahison». L'huissier de justice a alors recueilli cette réaction, manuscrite sur le document en notre possession: «Réponse sera faite par courrier après réunion du conseil d'administration d'Elf Congo...»
Embarras. Il n'est pas sûr que la justice française reconnaisse aussi facilement la recevabilité des poursuites engagées. Mais la bataille sur la légitimité de l'ancien et du nouveau président du Congo s'annonce rude, d'