Expulsé comme «espion et agent de déstabilisation», le premier
secrétaire de l'ambassade de France à Kinshasa, Eric Lubin, est arrivé hier matin à Paris en provenance de l'Afrique du Sud. Mis en cause de façon virulente, il avait préféré prendre le premier avion pour quitter la capitale de l'ex-Zaïre à la suite d'une note verbale le déclarant, vendredi, persona non grata. Présenté dans la presse locale comme «une véritable taupe de la DGSE», le service d'espionnage français, et comme relais sur place du président Chirac, dont il aurait été «l'ambassadeur pion» et «l'homme orchestre d'une cabale» dirigée contre la nouvelle République démocratique du Congo, il lui était reproché des liens de conspiration avec deux ex-généraux de Mobutu, aujourd'hui exilés, et la volonté de «torpiller» l'imminente réunion des bailleurs de fonds de l'ex-Zaïre.
En poste à Kinshasa comme «numéro 2» à l'ambassade depuis janvier 1996, Eric Lubin était de notoriété publique un diplomate au profil, pour le moins, atypique. Professeur d'éducation physique à l'origine, sorti de l'ENA en 1987, cet «administrateur civil» avait occupé divers postes au ministère de l'Education, depuis 1990 dans le domaine international, avant d'être mis à la disposition des Nations unies, en 1991, «au titre de la mobilité». Alors proche collaborateur d'Aldo Ajello, il le suit comme «conseiller spécial» lorsque celui-ci est nommé représentant spécial de l'ONU à Maputo. Jusqu'à fin 1994, Eric Lubin copilote ainsi la délicat