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Libération

L'ONU laisse Haïti en plein désarroi. Les Casques bleus quittent l'île rongée par la crise politique et économique.

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publié le 1er décembre 1997 à 14h54

Miami, de notre correspondant.

Trois ans après l'intervention américaine déclenchée pour renverser la dictature militaire en Haïti, les 631 Casques bleus canadiens et les 544 pakistanais encore présents devaient quitter hier le pays, dont la sécurité sera dès lors abandonnée à la seule police nationale. De semestre en semestre, la présence des Nations unies avait été prolongée à diverses reprises, à la demande des autorités locales et sous la pression des pays amis, pour consolider la démocratie après le retour au pouvoir, le 15 octobre 1994, du président Jean-Bertrand Aristide.

«Mission accomplie», se félicite Bernard Miyet, mais le sous-secrétaire général de l'ONU chargé des opérations de maintien de la paix est pratiquement le seul à oser un tel satisfecit. Si la communauté internationale n'a pas à rougir de son implication, qui s'est déroulée sans incident notoire et n'a jamais suscité de rejet de la part de la population, le bilan des trois ans écoulés est autrement angoissant pour les autochtones.

Haïti s'est en effet enlisé dans une crise politique doublée d'un désastre économique et d'une vague de criminalité sans précédent, au point que beaucoup redoutent que le départ du contingent onusien provoque une explosion sociale. Crise politique: la population, dont le sort misérable se dégrade sans fin, a perdu toute illusion devant la faillite, l'indifférence et l'incompétence de dirigeants qui avaient promis de restaurer sa dignité. Le pays est d'ailleurs sans gouvernement