Christophe André, administrateur de Médecins sans frontières (MSF)
en Tchétchénie, avait été enlevé dans la nuit du 1er au 2 juillet 1997 par un commando qui réclamait 1 million de dollars pour sa libération. Il s'est évadé le 20 octobre dernier.
Doit-on verser les rançons réclamées par les ravisseurs?
Question piège. Personne ne peut être pour. Et tous nos interlocuteurs, sur le terrains, nous disent qu'il ne faut pas payer. Mais vu l'incapacité des forces officielles à maintenir l'ordre public dans les régions touchées par les enlèvements, chacun sait qu'il n'y a pas beaucoup d'autres solutions.
Comment avez-vous réagi en apprenant que le prix de votre liberté avait été fixé à 1 million de dollars?
J'ai su que les ravisseurs réclamaient une rançon de 1 million de dollars pour ma libération quand l'un de mes gardiens l'a écrit devant moi, sur un morceau de papier, pour enregistrer un message à MSF. J'en aurai pleuré de rage. Deux mois attaché à un radiateur, sans la moindre raison, et, d'un seul coup, cette demande exorbitante. J'ai ressenti comme une terrible humiliation.
Le sentiment d'être transformé en vulgaire marchandise?
Non, ce n'était pas le problème de l'argent. Je savais qu'il y aurait des tractations financières. Mais pas à ce prix. On pouvait s'en tirer en payant beaucoup moins. Quand j'ai eu les copains de MSF au téléphone, le 8 septembre, c'est la première chose que je leur ai dite: «Ne payez pas cette somme, je peux tenir!» J'avais besoin de le leur dire. Après, j'