Londres, de notre envoyé spécial.
Le document est estampillé «secret» et Elan Steinberg, directeur exécutif du Congrès juif mondial (CJM) en distribue quelques feuilles à la ronde dans les travées de la presse. Découvert ces derniers jours dans les archives américaines, ce document aux yeux du CJM, revêt une portée capitale: «Il montre qu'en toute connaissance de cause, la Commission tripartite (formée après-guerre par les Etats-Unis, la France et la Grande-Bretagne pour redistribuer l'or que les nazis avaient pillé, ndlr) a versé aux banques centrales des pays occupés, 50 à 60 tonnes d'or provenant des victimes du nazisme.» En tout, la conférence tripartite avait restitué après-guerre 332 tonnes d'or à une douzaine de gouvernements. Les Britanniques et les Américains avaient admis qu'une petite partie de cet or pouvait être d'origine non monétaire (provenant d'individus), mais l'ampleur restait jusqu'ici inconnue.
Dans les quelques pages distribuées par le CJM, on voit, en effet, que, sur les 91 tonnes d'or autrichiens saisis par les nazis lors de l'Anschluss en 1938, 13 tonnes provenaient de personnes privées. Mais, contrairement aux règles de la commission tripartite, elles n'ont jamais été restituées après-guerre aux rescapés et aux ayants droit. Selon l'historien suisse Gian Trepp, cette «découverte» historique signifie que, dans le climat de la guerre froide, Américains, Britanniques et Français avaient préféré volontairement attribuer cet or à des banques centrales, plu