La république islamique d’Iran a montré hier deux visages, l’un
proférant l'anathème, l'autre prônant la modération, pour accueillir les chefs d'Etat, de gouvernement et les représentants des 55 pays qui participent à Téhéran au 8e sommet de l'Organisation de la conférence islamique (OCI). Les factions iraniennes qui se disputent le pouvoir s'étaient pourtant convenus d'une trêve le temps du sommet. Mais les discours ont fait éclater au grand jour les divergences radicales qui séparent les deux principaux dirigeants de la République islamique, le Guide Ali Khamenei et le président Mohammed Khatami. «On aurait dit les discours de deux chefs d'Etat appartenant à des pays musulmans différents. L'un campait dans le rôle d'un Khomeiny vieilli et dépassé. L'autre dans celui d'un professeur», soulignait hier une personnalité officieuse iranienne, proche du Président.
C'est sur les relations entre l'islam et l'Occident que les discours des deux hommes se sont particulièrement opposés. L'ayatollah Ali Khamenei, numéro 1 du régime et figure historique de la révolution, a d'abord dénoncé «la civilisation occidentale qui pousse tout un chacun vers un matérialisme où l'argent, la gloutonnerie, les désirs charnels sont les plus grandes aspirations». «L'Occident, dans ses assauts tous azimuts, prend pour cible notre foi et notre identité», a-t-il aussi lancé. Voulant probablement embarrasser le prince héritier Abdallah d'Arabie Saoudite et les émirs du Golfe, qui avaient accepté de venir à