San Sebastian envoyé spécial
«ETA, dehors!» Le cri isolé a fusé, soudain, au milieu de la foule silencieuse. Aussitôt, le gêneur s'est fait rabrouer. «Chut!» ont lâché des dizaines de voix autour de lui. La manifestation est redevenue tranquille et digne. Le silence, lourd de lassitude et de rage, est redescendu ce samedi sur les rues de San Sebastian. Un silence de plusieurs dizaines de milliers de voix. Pas un slogan, pas un cri, pas un discours. Ce n'était plus une manifestation, mais une procession, un défilé. Pour dire, une nouvelle fois, «basta ya!» «assez!» à la violence terroriste de l'ETA, après l'assassinat jeudi soir de José Luis Caso, conseiller municipal du Parti populaire (PP) de Renteria, banlieue proche de San Sebastian. En tête, les représentants de tous les partis politiques de la région, à l'exception d'Herri Batasuna (HB), la branche politique de l'ETA. «Notre peuple n'est plus disposé à vivre avec l'intolérance», explique Juan Maria Atutxa, du Parti nationaliste basque (PNV). Le défilé muet arrive sous la grande statue de la colombe de la paix. «Nous n'en pouvons plus de tous ces morts», lâche Pello, un jeune militant d'Eusko Alkartasuna, parti ultranationaliste qui défend l'accès à l'indépendance par des voies pacifistes, «personne ne comprend où veulent en venir l'ETA et HB. Impossible de dialoguer avec eux. Regardez l'Irlande: les problèmes sont beaucoup plus difficiles à résoudre mais l'IRA est capable de déclarer une trêve.» Et HB, inféodé à l