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Libération

Turquie: l'ire antieuropéenne. Ankara menace l'Union européenne de mesures de rétorsion.

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publié le 17 décembre 1997 à 14h00

Istanbul, envoyés spéciaux.

Deux jours après avoir claqué la porte de l'Europe en annonçant par la voix du Premier ministre Mesut Yilmaz «l'interruption du dialogue politique avec l'UE», les autorités turques continuent de durcir le ton. Des hauts fonctionnaires laissent planer la menace d'une complète annexion du nord de Chypre, occupé depuis 1974 par les troupes d'Ankara, au cas où les négociations d'adhésion se concrétiseraient entre l'UE et le gouvernement de Nicosie, c'est-à-dire avec la seule partie grecque. On laisse entendre dans les milieux gouvernementaux que les entreprises des pays européens particulièrement «hostiles» pourraient être désormais exclues des appels d'offre pour les grands contrats publics.

Amertume. L'acrimonie turque est à la mesure de l'amertume suscitée par les résultats du sommet de Luxembourg, excluant de fait le pays des candidats pour l'élargissement de l'UE même dans une seconde vague. «Les Européens se sont montrés déloyaux, ingrats et surtout lamentables. Ils ont balayé cinquante ans de sacrifices de la part de la Turquie estimant qu'avec la fin de la guerre froide elle n'avait plus la même utilité. Dois-je dire à mes concitoyens que la Bulgarie ou la Roumanie vont intégrer l'UE et pas nous seulement parce qu'elles sont des nations chrétiennes?», souligne Kamran Inan, ancien ministre, grand baron de l'Anap (Parti de la Mère patrie, conservateur libéral) comme Mesut Yilmaz et «européaniste» de toujours. Il ajoute écoeuré: «A la différence