Séoul, de notre correspondant.
Le regard noir, le verbe fluide et précis, Kim Dae-jung, candidat unique de l'opposition à la présidentielle coréenne, véritable légende vivante, veut donner l'image d'un politicien responsable. Un candidat comme les autres, malgré ses vieux exploits de bête noire de la junte. Ce passé héroïque à la Mandela plaît au-delà des frontières mais, ici, effraie encore les vieux et ennuie les jeunes. Dès lors, prudent, Kim Dae-jung, ne parle plus directement de son histoire mouvementée.
Mais comme autrefois il donne des coups: «Le responsable de la crise coréenne c'est Kim Young-sam, il ne comprend rien à l'économie.» Condamnation sans appel de l'actuel Président dont le mandat unique se termine piteusement dans la corruption, la banqueroute généralisée et un sentiment collectif d'humiliation. C'est sa quatrième présidentielle. 1971, 1987, 1992, les deux premières fois, un militaire l'a battu, la troisième aurait pu être la bonne si Kim Young-sam, son allié de l'opposition, n'avait rejoint le parti de la junte.
Attentat déguisé. A 76 ans, le vieux tigre de Kwangju livre sa dernière bataille et jamais la victoire n'a été aussi accessible. Sa silhouette n'est plus celle du député fringant qui, dans les années 60, jour après jour, défiait le pouvoir. Mais Kim Dae-jung ne veut pas qu'on lui parle de son âge. Il boîte et marche lentement, la cause est entendue, mais ce n'est pas un signe de la vieillesse. Il a été blessé à la jambe, lors d'un attentat déguis