Séoul de notre correspondant
Le Kim nouveau est arrivé. Un raz de marée spectaculaire. Alors que Kim Dae-jung, le leader de l'opposition sud-coréenne, était interdit de photographie dans les journaux depuis trois décennies, quelques heures après sa victoire son visage est partout. Son surnom, «DJ», est sur toutes les lèvres et Séoul est prise de «DJ-mania». Mais le plus ahurissant est à la télévision. Là aussi, l'opposant n'avait pas droit de cité, en dehors des campagnes électorales. Interdit d'antenne sous les généraux, sa situation ne s'était pas améliorée depuis l'arrivée de civils au pouvoir en 1992. Hier, le changement a été brutal: en dix minutes, dès que le candidat du pouvoir a reconnu sa défaite, peu avant 4 heures du matin, les trois principales chaînes ont sorti des biographies du président élu qui ont surpris à la fois par leur ton dithyrambique et l'intérêt historique d'images interdites, sorties brusquement du placard.
Inédit. Le pays n'avait jamais vu les images de Kim Dae-jung en 1973, le visage tuméfié, racontant son enlèvement par les services coréens; ni celles où, un bras dans le plâtre, en 1971, il explique comment il a été poursuivi et heurté violemment par une voiture inconnue, pas plus que celles des manifestations démocratiques des années 80: les étudiants révoltés qui s'étaient rendus maîtres de la ville de Kwangju, les meetings où DJ haranguait quatre heures durant plus d'un million de personnes, ou la rencontre de ce catholique fervent avec Jean Pa