Kingston, envoyé spécial.
Pour la petite histoire, Percival James Patterson, 62 ans, a conjuré le signe indien qui limitait à deux législatures l'espérance de vie des gouvernements jamaïquains. Cheveu crépu et barbiche poivre et sel, il était devenu, il y a cinq ans, le premier Premier ministre noir de l'île en remportant les élections qui maintenaient au pouvoir le People National Party (PNP), après le retrait volontaire de son chef historique, Michael Manley. Jeudi, Patterson a récidivé, offrant une troisième victoire d'affilée au PNP et renvoyant à une retraite sans doute définitive l'autre monstre sacré de la politique insulaire, le leader du Jamaïcain Labour Party (JLP), le «syrien» Edward Seaga.
La colère des vaincus a allumé, la nuit, des barricades dans les quartiers chauds de West Kingston, leur fief, et des fusillades ont résonné un peu partout dans la capitale. Mais rien n'a pu tarir les flots de reggae qui, à pleins décibels, ont fait se déhancher sur place la foule venue applaudir le triomphateur lors d'un meeting spontané. La journée s'est finalement soldée par la mort d'un assesseur, abattu par un excité. Un mort «seulement»: jamais élections n'ont été aussi paisibles sur l'île. En 1980, lors du plus terrible duel entre Manley et Seaga, remporté par ce dernier, on avait ramassé 800 victimes.
Héros du foot. Ces péripéties politiques n'ont guère entamé le flegme du ghetto de Wareika, au pied des collines du même nom, qui verrouille l'accès est de la capitale. Ici,