Bamako, envoyés spéciaux.
C'est devant l'Assemblée nationale... du Mali que Lionel Jospin a annoncé, hier, qu'il n'y aurait plus de charters de clandestins. Faisant référence au Front national, il a cependant défendu la nécessité de réguler les flux migratoires, «sinon les réactions de notre opinion seraient grandes, et le chemin ouvert pour telle ou telle formation extrémiste serait trop facile». S'exprimant devant les 146 députés maliens, ultrasensibles, à l'instar de leurs électeurs, à la question de l'immigration, le Premier ministre a ajouté: «Il ne faut pas que vous vous dissimuliez qu'il y a chez l'homme, surtout par temps de crise économique et de chômage, une forme de peur de l'autre. Ce problème accompagne l'histoire de l'humanité, il ne faut pas le nier.»
Cent mille Maliens en France. Arrivé samedi pour la première visite à Bamako d'un chef de gouvernement français depuis l'indépendance, Lionel Jospin a choisi le Mali pour se livrer à une longue explication pédagogique sur l'immigration, l'un des leitmotive de son périple africain. Destinataire du premier charter de clandestins expulsés en 1986, le Mali est en effet au coeur du dossier. Un tiers de sa population vit hors du pays, notamment en Afrique de l'Ouest, et quelque 100 000 Maliens sont installés en France, dont 60 000 de façon clandestine. «Les charters évoquent dans notre inconscient collectif des voyages forcés d'une autre époque», a expliqué un député malien à Lionel Jospin. «Nous ne voulons pas que le r