Pays basque, envoyé spécial.
Fonctionnel, le bureau ne fait qu'une seule concession décorative, chargée de tristesse. Posée sur un classeur métallique, la photo de Gregorio Ordonez, le président du Parti populaire (PP) pour le département de Guipuzcoa assassiné il y a trois ans, est ornée d'un ruban de crêpe noir. «C'est lui qui m'avait convaincue de me lancer en politique, sa mort n'a fait que renforcer mes convictions, quatre mois plus tard j'étais élue», raconte Regina Otaola, conseillère municipale PP d'Eibar, un furoncle industriel de 30 000 habitants qui a mal grandi dans une de ces vallées encaissées du Pays basque espagnol.
«Peur? Non, je n'ai pas peur. Je sens une douleur impossible à exprimer, mais ces assassinats nous donnent encore plus de coeur pour continuer à travailler jusqu'à ce que le Pays basque vive en paix. L'ETA se trompe si elle compte nous faire peur, nous faire fuir. Elle provoque un effet exactement contraire.» Cette avocate de 45 ans ne fait plus un pas dans la rue sans son garde du corps. Après l'assassinat du conseiller municipal PP José Luis Caso, le chef du gouvernement et président du PP, José Maria Aznar, a imposé une protection rapprochée à tous ses élus du Pays basque, conseillers municipaux, députés au Parlement autonome, membres des Juntas les très puissants conseils généraux" Facture pour le parti: 24 millions de francs par an.
Les élus PP sont dans la ligne de mire. S'il y avait encore le moindre doute, l'ETA l'a dissipé dans son communi