Les grands massacres reprennent en Algérie. Les tueries qui ont eu
lieu dans la nuit de mardi à mercredi à Sidi Lantri et M'ghila, deux hameaux proches de Tiaret (ouest), auraient fait en réalité entre 80 et 120 morts, alors que les autorités avaient annoncé 48 victimes et 30 blessés graves. A en croire la presse algérienne, les villageois auraient été égorgés et mutilés à la hache. Des fuyards, faute de pouvoir se cacher sur des terres nues, auraient été achevés, pendant que les rescapés, leurs maigres baluchons sur des ânes, prenaient le chemin de l'exode. Ils auront toutefois eu le temps d'entendre le chef de la deuxième région militaire, le général Abderrahim, qui s'était rendu sur les lieux, leur répéter le leitmotiv des autorités «l'Etat ne peut mettre un soldat devant chaque maison» et leur laisser un seul choix: «prendre des armes individuellement, se regrouper et armer un groupe de jeunes ou déménager et rejoindre les villes». Comme tant d'autres responsables, il explicitait là la doctrine d'Alger: laisser la population se débrouiller seule afin qu'épuisée, elle finisse par basculer dans la lutte antiterroriste en multipliant la création de milices. Cette volonté de privatiser la guerre a trouvé un nouvel adepte en la personne d'un «ami de l'Algérie», Claude Cheysson. De retour d'Alger, celui-ci a affirmé hier à France-Soir: «On n'arrivera à agir contre les violences dans le bled que grâce aux milices. Le président algérien joue cette carte». A en croire l'ancien