La liste des hameaux-martyrs algériens s'allonge de jour en jour.
145 à 184 villageois ont été tués entre mardi et samedi dernier, la plupart dans la région de Tiaret (ouest). Le dernier massacre rendu public a toutefois eu lieu dans la plaine de la Mitidja, près de Médéa, où 21 personnes ont été tuées à coups de hache dans la nuit de vendredi à samedi. Ce énième cycle de violences est-il annonciateur d'un nouveau ramadan sanglant? Des groupes ayant répondu à l'appel au cessez-le-feu unilatéral lancé par l'AIS, le «bras armé» du FIS, ont-ils repris les armes?
Il est indéniable que le ramadan (cette année à partir du 31décembre) a marqué à chaque fois une progression dans l'engrenage de la violence, des inscriptions sur les murs des quartiers populaires appelant les fidèles à accomplir «au moins une action de djihad» pendant ce mois sacré. On ne peut pour autant exclure d'autres causes à l'embrasement. En février 1995, les attentats spectaculaires du ramadan paraissaient aussi destinés à briser toute possibilité de «dialogue» après l'«offre de paix» faite à Rome par les principaux partis politiques (FIS, FFS, FLN). Lors du ramadan 1997, les attentats à la voiture piégée à Alger et dans ses banlieues semblaient destinés à terroriser la population pour l'obliger à «choisir son camp» ou pour la punir de ne pas aider assez ceux qui affirment «la défendre contre le tyran», tandis que les massacres dans la Mitidja relevaient souvent de la guerre sans merci opposant groupes islamistes