Menu
Libération

Au Kenya, quatorze dauphins contre un dinosaure. L'inusable Daniel Arap Moi part favori de la présidentielle.

Article réservé aux abonnés
publié le 29 décembre 1997 à 15h46

Nairobi envoyé spécial

On ne peut pas les rater, avec leurs casquettes et leurs tee-shirts blancs XXL. D'une voix aussi imposante que leur forme, elles hurlent que seule une femme saura faire ce dont les hommes ont été incapables: chasser Daniel Arap Moi du pouvoir. Elles attendent l'une des leurs, une femme d'affaires de 45 ans. Charity Kaluki Ngilu, candidate à l'élection présidentielle, doit tenir son dernier grand meeting à Nairobi. A l'autre bout de la capitale, un groupe de jeunes s'est mis à courir en agitant des branches et en scandant: «Moi doit partir.» Ici, on attend Raila Odinga, fils d'un opposant historique emprisonné après la tentative de coup d'Etat de 1982. Au moins, tout le monde est d'accord sur le principal objectif du scrutin. L'opposition appelle les 9 millions et demi de Kenyans inscrits sur les listes électorales à se choisir un Président parmi les 14 candidats se présentant contre l'un des derniers dinosaures d'Afrique, à la tête de l'Etat depuis dix-neuf ans et dans les coulisses du pouvoir depuis une vingtaine d'années de plus.

Pendant ce temps, D.A. Moi va de meeting en meeting dans la vallée du Rift, sa région, fringant malgré ses 73 ans. Son principal souci est d'obtenir 25% des voix dans cinq des huit provinces du Kenya, comme le stipule la Constitution pour être élu dès le premier tour. Pour ce faire, le président sortant a mis tous les atouts de son côté. Il est d'ailleurs crédité de plus de 40% des votes.

Opposition éclatée. Premier atout, le n