Nombreux sont ceux qui s'interrogent sur la coïncidence entre l'annonce des privatisations des terres agricoles en 1995 et les premiers massacres dans des hameaux isolés de la plaine de la Mitidja. La presse doute de son caractère fortuit mais c'est le «terrorisme» qu'elle accuse de vouloir «vider les plaines de leurs habitants en vue de la privatisation des terres». «Les terroristes ont totalement saccagé une jumenterie à Chebli (au coeur de la Mitidja) car ils craignaient que des militaires viennent s'y installer», affirmait un «témoin» cité par El Watan le 17 août. Un autre, paysan, souligne que ses moyens ne lui permettent pas d'acheter la terre et s'interroge: «A qui profite cette opération?» Louisa Hanoune, leader d'un petit parti trotskiste, est «convaincue qu'il y a un lien entre ces massacres (dans la Mitidja) et la privatisation des terres agricoles». Certains vont plus loin et voient dans le massacre de familles entières une manière définitive de s'assurer que personne ne puisse revendiquer, un jour, l'«usufruit éternel et transmissible» d'une terre, décrété en 1986 au profit des paysans qui la travaiellent. Enjeu politique. S'il est un tabou en Algérie, c'est bien la propriété de la terre. Depuis l'indépendance, quand la quasi-totalité des terres fut nationalisée, cette question est un enjeu politique majeur. Déjà, en octobre 1990, la publication d'une liste des «150 occupants indus» par le Premier ministre «réformateur» Mouloud Hamrouche provoqua un tollé. Who's
Algérie: l'horreur gagne du terrain.
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par José GARÇON
publié le 2 janvier 1998 à 17h34
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