Diyarbakir envoyé spécial
«Le vice-préfet m'a appelé et s'est plaint du contenu de mes papiers diffusés sur une station de radio étrangère, qui risquent selon lui d'encourager les terroristes», raconte un correspondant local, en poste depuis dix ans à Diyarbakir, la capitale du sud-est anatolien peuplé en majorité de Kurdes. «Je fais mon article, je l'envoie à Istanbul et, le lendemain, j'ai honte de lire ce qui est publié avec mon nom, car la nouvelle version réécrite à Istanbul ne ressemble pas du tout à mon papier original», avoue un autre journaliste kurde, membre de la direction de l'Association des journalistes de l'Anatolie du Sud-Est. Etat d'urgence. Depuis huit ans, les six départements de la région sont placés sous l'état d'urgence, alors que perdure la «sale guerre» entre l'Etat et le PKK (Parti des travailleurs du Kurdistan séparatiste), qui a fait 28 000 morts en une décennie, pour la plupart des civils. La population est prise en étau entre l'armée et la guérilla, et il devient de plus en plus difficile d'informer.
Cinq chaînes de télévision (ART, Metro, Can, Kanal 21, Söz) locale survivent à Diyarbakir. Les trois premières seraient des «patriotes» (qui défendent l'identité kurde, selon la terminologie locale) et les deux dernières «islamistes-commerciales». Aucune ne peut transmettre des programmes en kurde, mais elles diffusent de la musique kurde instrumentale. La seule station de radio, parmi les sept existantes, qui peut émettre en kurde s'appelle «Dicle'ni