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Libération

La grande peur kurde s'empare de l'Allemagne. Le pays craint un afflux de réfugiés venus d'Italie. Paranoïa et contrôles renforcés.

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publié le 7 janvier 1998 à 17h50

Bonn, de notre correspondante.

La peur du réfugié kurde a gagné l'Allemagne autrement plus vite et plus facilement que les réfugiés eux-mêmes. Officiellement, aucun des clandestins débarqués ces dernières semaines en Italie n'est encore arrivé jusqu'en Allemagne, pays de destination rêvé de beaucoup d'entre eux. Mais les images des centaines de réfugiés affluant en Italie ont suffi à déclencher en Allemagne une petite psychose. Les gardes aux frontières sud et ouest de l'Allemagne ont été considérablement renforcées, a annoncé hier le ministre de l'Intérieur, le très conservateur Manfred Kanther. A la frontière franco-allemande, point d'entrée soupçonnée des réfugiés, sur les routes, dans les trains et les aéroports, les contrôles inopinés ont été multipliés. A la radio allemande hier, Manfred Kanther a accompagné son dispositif de quelques avertissements cinglants: la RFA ne tolérera pas «que le prochain mouvement de migration illégal, organisé par des criminels, à cause de conflits étrangers, se traduise à nouveau par une immigration clandestine en Allemagne».

La phobie du complot. Dix mille kurdes irakiens parvenus en Turquie s'apprêtent à gagner l'Allemagne, a lancé le week-end dernier, un responsable de la police des frontières bavaroises, Gerhard Hoppe. Le chiffre a beau avoir été démenti par le gouvernement fédéral, depuis cette annonce, la phobie du réfugié kurde est bel et bien là. La presse allemande soupçonne même la Turquie d'être en train «d'exporter» ses problème