Istanbul, de notre correspondant.
Il paraît plus que quinquagénaire mais dit avoir à peine 42 ans. Ramazan Sönmezoglu, martèle posément son amertume. «On ne veut pas vivre dans ce pays, ni à Mardin (sud-est) ni à Istanbul. Il n'y a pas de liberté, il n'y a pas de travail. Alors, on veut partir. Les Turcs comme les Kurdes qui sont ici en majorité car nous sommes les plus défavorisés. J'ai tenté l'aventure. ça n'a pas marché cette fois-ci mais je vais réessayer.» Ramazan est l'un des 18 passagers clandestins arrêtés dimanche au port d'Haydarpsa d'Istanbul. La police a fait une descente dans un grand camion qui transportait des roues de voiture. Le camion devait embarquer le lendemain sur un ferry à destination de l'Italie. Plus de 500 personnes, en majorité des Kurdes de Turquie, d'Iran et d'Irak mais également des Pakistanais et des Indiens, ont été interpellés par la police d'Istanbul depuis vendredi dernier. Deux patrons d'agence de voyage, un responsable d'une société de transport et deux hôteliers accusés d'appartenir aux réseaux organisant le voyage de ces clandestins ont été arrêtés.
Dans le hall d'un petit hôtel d'Aksaray, le quartier de tous les trafics au coeur d'Istanbul, Ramazan et les dix-sept autres candidats malheureux au «voyage de l'espoir» boivent du thé devant la télé où le ministre de l'Intérieur définit l'exode des Kurdes vers l'Europe comme «un complot du PKK (Parti des travailleurs du Kurdistan, séparatiste) et de la Grèce pour discréditer la Turquie en E