Montréal, de notre correspondant.
Le gouvernement fédéral du Canada a décidé mercredi de mettre un terme à des siècles de paternalisme blanc à l'endroit des Amérindiens et de leur faire part de ses «regrets» pour les préjudices qu'ils ont subis. Le gouvernement libéral a présenté, au parlement d'Ottawa, une «déclaration de réconciliation» assortie d'un plan de renouvellement du contrat social qui le lie aux premières nations. Il s'agit d'une véritable redéfinition des rapports entretenus avec les premiers occupants du pays, en un mot de leur émancipation, puisque le gouvernement propose un renforcement du pouvoir qu'ils exercent, le versement régulier de fonds de développement et le soutien de la croissance de leurs collectivités.
Mais, qu'on ne s'y trompe pas, pour les quelque 500 000 Amérindiens vivant dans des réserves ou le million d'autochtones (si l'on compte métis et Indiens hors réserve) vivant au Canada, cet accès à une autonomie accrue est davantage dicté par des considérations économiques que par un humanisme débridé. La volte-face gouvernementale fait suite aux recommandations de la commission d'enquête instaurée, en 1991, par le gouvernement conservateur de Brian Mulroney, après l'insurrection mohawk de Kanehsatake, dans la banlieue de Montréal. Cette enquête a abouti à un rapport de 4 000 pages et à l'énoncé de 440 recommandations, dont celle d'endiguer le coût des mauvaises relations sociales avec les autochtones. Les experts ont établi que ces mauvais rapports