Genève, de notre correspondant.
L'histoire de la Seconde Guerre mondiale en Suisse est toujours à vif. Cette fois, c'est un documentaire britannique de Channel Four qui accuse les autorités helvétiques d'avoir traité de «façon inhumaine», les juifs internés entre 1939 et 1945. Quelque 6 000 juifs auraient été traités «comme des criminels dans des camps de travail». Un ancien interné, Fred Alexander, a livré son témoignage à la chaîne de télévision britannique, qui a projeté cette semaine le documentaire: «Nous devions travailler du lever au coucher du soleil dans les champs. Nous n'avions pas grand-chose à manger, en dehors d'un peu de soupe, d'un peu de café et du pain.» Aussitôt, les autorités suisses ont relativisé les accusations de Channel Four: «Il ne s'agissait en aucun cas de camps de concentration. Les réfugiés n'étaient pas des prisonniers, ils pouvaient sortir le week-end et certains soirs.»
Travail obligatoire. L'affaire a en tout cas suscité un véritable malaise dans la Confédération, montrée du doigt depuis des mois pour son rôle dans le blanchiment de l'or nazi. Beaucoup d'historiens, de gauche comme de droite, sont montés au créneau, pour une fois relativement unanimes. Ils rappellent que, dans les camps pour réfugiés civils, le travail était obligatoire, tenu par une discipline militaire, mais que tous les Suisses de 16 à 65 ans étaient aussi astreints à des travaux d'utilité publique. Selon Hans-Ulrich Jost, professeur à Lausanne et l'un des historiens qu