Montréal, de notre correspondant.
Après une semaine de pluies verglaçantes qui ont pris l'ampleur d'une catastrophe nationale, le ministre canadien de la Défense, Art Eggleton, a indiqué hier que l'armée menait actuellement dans le sud-est du pays sa plus grande opération humanitaire en temps de paix. Pas moins de onze mille membres des forces armées ont été mobilisés pour faire face à des intempéries qui ont déjà causé la mort de seize personnes au Québec, dans l'est de l'Ontario et le nord de la Nouvelle-Angleterre. Au Québec seul, près de 1,25 million de foyers ont été privés d'électricité. Mercredi et jeudi, plusieurs lignes de 730 kilovolts se sont effondrées, coupant des autoroutes et entraînant une vingtaine de pylônes dans leur chute. Même si depuis 1965 le Québec possède les lignes à haute tension et les pylônes les plus résistants d'Amérique du Nord, ils ne sont conçus, dans la vallée du Saint-Laurent, qu'en prévision d'une charge radiale de glace de 45 mm. La semaine dernière, la glace faisait autour des câbles une gaine de 12 cm de diamètre.
La rive sud du Saint-Laurent était dans le noir et elle le sera encore cette semaine. Montréal a été dans l'obscurité jeudi et vendredi. Les Québécois ont ainsi mesuré les conséquences de la politique du «tout à l'électricité» lancée au tournant des années 1970 par la société d'État Hydro-Québec, soucieuse alors de gonfler la consommation pour justifier ses gigantesques projets de développement hydroélectrique. Ils ont aussi p