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Libération

Le nid d'aigle de Hitler et les sirènes du tourisme. La Bavière veut aménager le site de l'Obersalzberg. Pour que la mémoire du lieu ne soit pas gommée, un centre de documentation, évoquant notamment l'Holocauste, va être créé.

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publié le 13 janvier 1998 à 22h20

Obersalzberg, envoyée spéciale.

Une majestueuse couronne de montagnes, enveloppée dans une nappe de brume: l'endroit est comme on l'imagine, grandiose et oppressant. Sur cette montagne de l'Obersalzberg, Hitler avait établi sa célèbre retraite alpine, installé ses principaux lieutenants ­ Goering et Bormann ­ et s'était fait construire un «nid d'aigle», une petite maison toisant les cieux. Plus de cinquante ans plus tard, la plupart des bâtiments, bombardés en avril 1945, ont disparu. Restent les souvenirs.

Sur le mur blanc de l'ancien Platterhof, l'hôtel construit en 1938 pour que les admirateurs de Hitler puissent dormir tout près de leur idole, un couple a écrit en rouge ce que le lieu lui inspire: «Hitler était OK.» Les graffiteurs n'ont même pas eu honte de signer «Doris et Jörg». A l'intérieur des bunkers creusés sous la montagne pendant la guerre, les murs sont maculés: «Heil Hitler!», «Les juifs dehors», croix gammées" A l'entrée, un kiosque vend brochures et cassettes vidéo racontant Hitler comme s'il s'agissait de n'importe quel grand personnage historique. «C'était notre chef», annonce le titre d'une cassette vidéo, où deux anciens domestiques racontent sa vie à l'Obersalzberg: son goût pour la soupe aigre au lait, sa relation avec Eva Braun, sa «rigueur», sa «propreté», sa «ponctualité»" Les images montrent Hitler entouré de petits enfants. Une voix off ose même poser la question: «Hitler a-t-il eu une politique agressive?»

Volet refermé. En sonnant à la porte de