Si l'accueil réservé à Wei Jingsheng par la presse a été chaleureux,
le gouvernement français a montré beaucoup moins d'enthousiasme à son égard. Arrivé à Paris hier pour une semaine, après un séjour en Angleterre, le plus célèbre dissident chinois n'a d'ailleurs pas été surpris du refus concerté de l'Elysée et de Matignon de le recevoir.
Sorti de prison le 16 novembre 1997 et exilé aux Etats-Unis, celui que l'on appelle le «père de la démocratie moderne» en Chine déplore aujourd'hui la position en retrait des gouvernements occidentaux sur la question des droits de l'homme dans son pays.
C'est que, désormais, les pressions s'exercent de la Chine vers l'Occident. Inversion de tendance motivée par la peur des pays européens de perdre le plus grand marché mondial. «Il ne faut pas confondre un marché virtuel et un marché réel», rappelle pourtant Wei Jingsheng. Selon lui, l'économie chinoise est fragile. Aussi, la réticence des Occidentaux à le soutenir dans sa lutte contre le Parti communiste chinois n'aurait guère de justification, si ce n'est un «blocage psychologique» d'autant moins compréhensible que «la chaleur des peuples français et britannique» témoigne d'une volonté de soutenir dans leur combat les Chinois victimes de la dictature. «Même si le mouvement démocratique doit partir de l'intérieur, il doit trouver des appuis à l'extérieur», affirme le dissident chinois, qui espère que sa présence en Europe constituera une caisse de résonance en faveur des défenseurs des droits