Bnei Brak, envoyé spécial.
Des livres de psaumes et des volumes du Talmud s'entassent dans des caisses. Deux bougies de chabbat, à moitié consumées, reposent sur une tablette. Hormis le grand bureau en U, rien ne rappelle une salle de conseil municipal. Il n'y a ni drapeau hébreu ni plan de la ville. Un extrait de prière, finement encadré, tient lieu d'emblème et de repère. Les anciens maires, dont les portraits ornent les murs portent la kippa ou le chapeau mou. Un autre rabbin vient de leur succéder. Il ne peut en être autrement à Bnei Brak, la ville la plus religieuse d'Israël. Mordechai Karelitz a été élu, le 6 janvier, avec 87% des suffrages. Ses seize coéquipiers, parés d'un noir uniforme, sont tous passés. Un triomphe prévisible. La liste avait reçu la bénédiction des sages de la Torah, la seule autorité véritablement reconnue par la population locale.
Bnei Brak, coincée entre une autoroute et les faubourgs de Tel-Aviv, vit repliée du monde profane. Capitale des harédim, les «craignant Dieu», elle abrite les plus grandes yéchivot (séminaires talmudiques) du pays et les rabbins les plus respectés. Ses adversaires laïques, qui franchissent rarement ses portes, l'ont surnommée la «ville noire», autant pour la couleur des costumes de ses habitants que pour l'obscurantisme qu'ils leur prêtent. Ici, un mot du rebbe, le maître spirituel, équivaut à un ordre. Le jour du scrutin, des milliers d'étudiants se sont rendus aux urnes comme un seul homme, d'un pas rapide, pour pouvo