En un mois, une fièvre hémorragique a tué près de 350 personnes au
nord-est du Kenya et pratiquement décimé le cheptel caprin. Il ne s'agit pas du virus Ebola comme on l'a craint un moment, mais très probablement de la fièvre de la vallée du Rift, un virus rare véhiculé par les moustiques, selon les premières analyses réalisées par les experts de l'Institut national de virologie de Johannesburg, en Afrique du Sud. Mais cette fièvre, qui provoque diarrhées et saignements, présenterait des caractéristiques sensiblement différentes de celle qui en 1987 et 1988 avait fait près de 600 morts en Egypte. Et elle commencerait à s'étendre à d'autres régions du pays.
Les doutes et l'inquiétude que suscite cette nouvelle épidémie (le Kenya est déjà touché par le choléra) doivent beaucoup à la difficulté des équipes scientifiques à se rendre dans la région, et donc à enquêter sur la maladie et sa propagation. Depuis deux mois, la pluie tombe sans cesse et inonde cette région semi-désertique, isolant les populations sur des îlots inaccessibles autrement que par hélicoptère. «Le nombre de décès est sans doute sous-estimé», en déduit le Dr Anne Waeldbrock, de MSF-Nairobi. Comme d'autres, elle a noté que la fièvre de la vallée du Rift kenyane tuait plus d'adultes, des hommes notamment, que d'enfants, ce qui est inhabituel. «Et surtout, les animaux meurent par milliers», dit-elle, ce qui pourrait indiquer que l'on a affaire à plusieurs épidémies conjointes. A l'OMS à Nairobi, on parle aussi de