La Chine a visiblement décidé de bannir ses dissidents les uns après
les autres. Qin Yongmin a reçu la semaine dernière l'ordre de quitter le pays pour rejoindre les Etats-Unis, à la suite de sa campagne en faveur de la liberté syndicale. Mais le principal opposant au Parti communiste chinois ne l'entend pas de cette oreille, et refuse de déposer sa demande de passeport pour se rendre à l'étranger. Il en profite pour souligner la contradiction de son gouvernement qui l'expulse au nom de «la sécurité publique», alors qu'il s'était vu interdire de quitter le territoire chinois lors de sa précédente sortie de prison en 1995, pour le même motif.
Condamné à huit ans de prison pour «crimes contre-révolutionnaires» dans les années 1980, Qin Yongmin, âgé de 44 ans, avait encore purgé une peine de deux ans pour avoir participé au mouvement de «la Charte de la paix». Le 22 décembre, le dissident a relancé la contestation en lançant un appel à l'union des ouvriers chinois qui se heurtent à la restructuration des entreprises publiques. Malgré l'interdiction des manifestations, les défilés des travailleurs chinois se sont multipliés dans l'ensemble du pays au cours des derniers mois, motivés par les fermetures successives des usines. «La société chinoise est à la veille de grands bouleversements, explique Qin Yongmin. L'économie de marché se développe rapidement. Le système du parti unique est menacé. Les entreprises d'Etat sont en faillite et des millions de travailleurs sont confrontés