Bonn, de notre correspondante.
«Le James Bond rouge», le «cuisinier marxiste», «l'homme sans visage» ou tout simplement «Mischa»" Au cours de sa vie tortueuse, Markus Wolf, 74 ans, a collectionné les noms, surnoms et identités contradictoires. De tous les dirigeants de la RDA, il est certainement le seul à susciter des sentiments aussi tranchés. Pour les uns, il incarne l'infamie de la dictature communiste est-allemande, sa rouerie, son machiavélisme. Pour d'autres, il est le gentleman communiste qui a servi son idéal avec intelligence, charme et raffinement. «L'homme sans visage», ainsi baptisé pour le rideau de mystère dont il avait réussi à s'entourer (son apparence même a longtemps été un secret), a réussi à demeurer un personnage de mythe, bien après qu'il eut perdu ses fonctions et que son visage fut révélé par une photographie prise à Stockholm en 1977.
Carrière fulgurante. Fils du médecin et auteur dramatique Friedrich Wolf, Markus a passé son enfance à Moscou où son père, juif et communiste, avait dû émigrer dans les années 1930. En 1945, Markus Wolf rentre à Berlin sous l'uniforme soviétique pour se mettre au service de l'Allemagne communiste. «Le Parti m'a dit que je serai espion, alors je suis devenu espion», aime-t-il à résumer. Sa carrière dans les services secrets est fulgurante: dès 1953, il est à la tête des services de renseignement intégrés au ministère de la Sécurité d'Etat (la Stasi). Il construit et dirige jusqu'en 1986 un réseau de quelque 1 200 collabor