Le capitaine de marine à la retraite Alfredo Astiz, figure
emblématique des tortionnaires de la dictature militaire (1976-1983), a été placé hier aux arrêts pour soixante jours à la suite d'une interview provocante qui a soulevé un tollé en Argentine. Dans l'hebdomadaire Tres Puntos, l'officier, surnommé «l'ange de la mort» sous cette dictature qui pèse très lourd dans la mémoire argentine, a reconnu avec une cruauté verbale insupportable: «" je crois moi aussi» que l'on a enlevé, torturé, assassiné, parmi eux des bébés, et qu'il y a eu des camps de concentration et des disparus, mais que le chiffre des victimes «ne dépasse pas 6 500». Sans l'ombre d'un remords, il a précisé: «Les juntes militaires ont été lâches car elles n'ont pas eu le courage de dire qu'il fallait fusiller tous les opposants.» Avec un cynisme rare, il a poursuivi: «Je suis l'homme techniquement le mieux préparé dans ce pays pour tuer un homme politique ou un journaliste», et a prétendu que «les gens de la marine continuent de le surveiller et de le protéger». A la suite de cette véritable apologie du crime, le président argentin, Carlos Menem, a ordonné au chef de la marine, l'amiral Marron, d'appliquer «les plus importantes sanctions contre le capitaine Alfredo Astiz». Astiz avait été condamné par contumace en France à la réclusion criminelle à perpétuité en 1990 pour l'assassinat de deux religieuses françaises, Alice Domont et Léonie Duquet, dont les corps n'ont jamais été retrouvés. Sous le coup