Bonn, de notre correspondante.
Lente mais opiniâtre, la justice allemande continue son travail d'enquête sur des crimes et délits de l'ancienne République démocratique allemande (RDA) qu'on pourrait croire depuis longtemps oubliés. Plus de sept ans après la disparition du régime communiste est-allemand, un tribunal régional de Francfort-sur-le-Main a fait emprisonner hier Markus Wolf, 74 ans, l'ancien chef des services d'espionnage de la RDA, pour l'obliger à témoigner au procès d'un ancien député. Markus Wolf, qui avait réussi depuis l'unification à ne passer que quelques jours en prison, a été écroué à la maison d'arrêt de Darmstadt. La justice peut le maintenir jusqu'à six mois en détention pour le contraindre à déposer.
Le tribunal de Francfort attend de Markus Wolf qu'il témoigne contre un ancien député social-démocrate ouest-allemand, Bernhard Flaeming, accusé d'avoir transmis des «renseignements de valeur» à la RDA, de 1969 jusqu'à la chute du régime en 1989. Dans ses Mémoires, Wolf parle d'un député ouest-allemand ayant livré des informations à son service sous le nom de code «Julius». La justice soupçonne Flaeming d'être Julius et demande à Markus Wolf de confirmer.
Venu deux fois témoigner à Francfort, Markus Wolf a assuré que Flaeming n'a jamais été informateur de la Stasi. Pris entre son devoir de vérité devant la justice et sa loyauté à l'égard de ses anciens agents, il a ensuite préféré se taire. Depuis l'unification, Markus Wolf a réussi à s'en tenir à ce princi