Londres, de notre correspondant.
Tony Blair prend en main la réforme contestée de l'Etat-providence. Le Premier ministre est allé jeudi soir à la rencontre de l'Angleterre profonde au fin fond des Midlands, une région marquée par le chômage, pour vendre sa refonte de l'ensemble du système de protection sociale. L'exercice était périlleux, même devant une assemblée choisie de militants du Labour. Plusieurs participants, chômeurs, handicapés sur leur chaise roulante, ont d'ailleurs fait part de leur peur de voir leurs maigres subsides encore réduits.
Mais pour Blair, qui veut faire de la réforme du Welfare State le test majeur de son gouvernement, l'Etat-providence tel qu'il a évolué depuis sa création il y a cinquante ans par l'un de ses prédécesseurs travaillistes, William Beveridge, ne marche pas. Il a créé, aux yeux du Premier ministre, deux nations. «Une nation qui est tombée dans le piège des aides et une autre qui paie; une nation qui s'appauvrit, qui s'exclut de la société, tandis qu'une autre nation voit les dépenses de sécurité sociale s'accroître et s'accroître jusqu'à dépasser les budgets de l'éducation, de la sécurité et de l'emploi réunis.» Selon Blair et son gouvernement, l'Etat-providence a créé une dépendance sans réduire la pauvreté. Les services d'information de Blair ont ainsi montré qu'un Britannique sur cinq vit désormais en dessous du seuil de pauvreté, contre un sur dix en 1979, lorsque Margaret Thatcher est arrivée au pouvoir, malgré une hausse annuell