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Libération

La justice turque dissout le parti islamiste. Le leader du Refah, Necmettin Erbakan, interdit d'activité.

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publié le 17 janvier 1998 à 16h21

Istanbul, de notre correspondant.

Accusé d'«atteinte à la laïcité de l'Etat», le parti islamiste turc, le Refah (Parti de la prospérité), a été dissous hier par la Cour constitutionnelle, huit mois à peine après avoir été chassé du pouvoir par la pression de l'armée. Son leader historique, Necmettin Erbakan, 71 ans, et cinq autres députés sont interdits d'activité politique pour cinq ans. Les biens du parti sont confisqués, et ses députés et maires deviennent «non inscrits».

Deux des neufs magistrats de la cour ont refusé de voter cette mesure de dissolution, critiquée par une majorité de la classe politique. «Il est toujours triste qu'un parti soit interdit, mais la loi doit être respectée», a affirmé le Premier ministre, Mesut Yilmaz (Anap, droite libérale). Plus de trente partis prokurdes, islamistes ou d'extrême gauche ont été depuis 1961 l'objet d'une telle mesure de dissolution par la Cour constitutionnelle, mais il s'agissait de petites formations.

Avec 4,5 millions d'inscrits et quelque 6 millions d'électeurs, le Refah était devenu la première force politique du pays (21% des voix) en décembre 1995, cristallisant les espoirs des déracinés de banlieue, mais aussi d'une partie des classes moyennes écoeurées par la corruption. Seul porteur d'utopie avec la revendication d'un fumeux «ordre juste» fondé sur la tradition et l'islam, il avait conquis un an plus tôt 14 grandes villes, dont Istanbul et Ankara.

En juillet 1996, Necmettin devenait Premier ministre en coalition avec