La Havane, envoyé spécial.
Les dieux sont soigneusement rangés sur les étagères de l'armoire, chacun dans sa soupière de céramique. Il y a Obatala, divinité de la création, Yemaya, déesse de la mer, Shango, dieu de la guerre, de l'éclair, mais aussi grand coureur de jupons" Bien sûr, le profane n'a pas le droit de soulever le couvercle des soupières pour découvrir l'intimité des divinités. Mais, dans cette maison d'un babalao (un oracle) de La Havane, on découvre aussi leurs formes humaines. Sur un autel, face à l'armoire, ils sont devenus des saintes et des saints chrétiens. Obatala est identifié à la Vierge de la Merci, le batailleur et séducteur Shango à sainte Barbe, patronne des artilleurs et des pompiers. Au-dessus d'eux, trône une belle mulâtresse, la Vierge de la Charité du cuivre, sainte patronne de Cuba, assimilée à Ochun, déesse de l'amour et de la «sexualité coquette». Le syncrétisme religieux étant la règle à Cuba, c'est tout un panthéon de 201 divinités africaines, certaines à la réputation bien sulfureuse, qui accompagnera à partir de mercredi la visite de Jean Paul II.
Le babalao ou oracle. Le gouvernement estime à 83% (1), le nombre des Cubains qui se retrouvent dans les rites des trois principales religions afro-cubaines, fusion du catholicisme et des religions animistes africaines. Les communautés de base les plus nombreuses sont les santerias, dont les croyances furent apportées par les esclaves yorubas, arrachés aux actuels Nigeria et Bénin. Le personnage