Buenos Aires, de notre correspondante.
«C'est un criminel, à qui doit être appliquée la sanction la plus sévère»: vendredi, le président argentin, Carlos Menem, a réagi avec fermeté aux déclarations fracassantes de l'officier de marine Alfredo Astiz à l'hebdomadaire Tres Puntos, affirmant notamment que, pendant la dictature (1976-1983), «les disparus, on les a nettoyés, il n'y avait pas d'autre solution». Mis aux arrêts dans une base navale depuis vendredi, «l'Ange blond de la mort», comme le surnomme la presse argentine, a été entendu samedi par un juge militaire chargé d'évaluer s'il y a matière à des poursuites pénales. D'autre part, en tant que chef des forces armées, le président Menem a réclamé la «dégradation», qui équivaudrait à une expulsion de la marine de l'ancien tortionnaire.
«L'opinion publique a la nausée», commente un éditorialiste du quotidien Pagina 12. Alors que la ville de Buenos Aires déclarait l'officier «persona non grata», plusieurs associations déposaient plainte pour «apologie du délit, incitation à la violence, menaces et conspiration contre l'ordre constitutionnel». A la marche hebdomadaire des Mères de la place de Mai se sont joints des centaines de manifestants réclamant la prison pour celui qui, il y a vingt ans, avait infiltré le groupe des Mères en se faisant passer pour le frère d'un disparu. Son infiltration avait abouti à l'enlèvement et à l'assassinat de plusieurs parents de disparus, et à celui des deux religieuses françaises, Alice Domon