Rarement le tribunal criminel d'Alger aura connu l'affluence dans
laquelle il a jugé, onze jours durant, l'une des pages les plus sombres de la «sale guerre»: la mutinerie de la prison de Serkadji à Alger qui, le 22 février 1995, s'est achevée dans un bain de sang. 100 détenus dont 81 islamistes y ont été tués pendant ou après l'assaut donné par les forces de sécurité et 4 gardiens égorgés par les assaillants. Près de trois ans plus tard, ce 14 janvier, le verdict est tombé: un gardien condamné à mort pour «complicité et séquestration»; huit peines de mort par contumace; vingt peines de deux à six ans de prison et dix-sept acquittements. A l'époque, l'affaire «projet d'évasion fomenté par les GIA avec la complicité d'un gardien», selon la thèse officielle, «carnage délibéré», selon un rapport du Syndicat national des avocats avait fait grand bruit. La commission d'enquête installée par le ministre de l'Intérieur de l'époque n'aura pas permis de trancher: elle n'a jamais rendu ses conclusions. Le procès qui vient de s'achever à Alger n'a pas davantage éclairci les zones d'ombre soulevées par la défense. La première touche aux circonstances mêmes de la mutinerie. Comment les condamnés à mort de Serkadji, parmi lesquels certains assassins ou terroristes dangereux, ont-ils pu sortir quand le directeur de la prison reconnaît que seules les serrures de quatre cellules ont été fractionnées? Comment plus de 1 000 détenus se sont-ils retrouvés dans la cour de la prison? «Les p