Les opinions européennes se mobilisent sur l'Algérie. Pour dénoncer «le terrorisme islamiste [qui] décrète un ramadan sanglant», des intellectuels français, dont Romain Goupil, André Glucksmann, Bernard-Henri Lévy, appellent, avec le soutien de la CGT et de la CFDT, à un meeting ce soir, à 20 heures, à la Mutualité à Paris. Demain, des manifestations «en faveur de la vérité sur les atrocités et les atteintes aux droits de l'homme en Algérie» sont prévues à Paris (au Pont-Neuf, à 18h 30) à Barcelone, à Rome et à Bruxelles, à l'appel de la communauté Sant'Egidio et de plusieurs organisations humanitaires (Amnesty, la Ligue des droits de l'homme, la FIDH et Reporters sans frontières). Le philosophe Alain Finkielkraut, qui participe au meeting de la Mutualité, répond aux questions de Libération.
Pourquoi ce meeting?
Les journaux français diffusent moins des informations que des mots d'ordre, et le mot d'ordre pour l'Algérie est après chaque attentat: «Soyez Zola, accusez l'Etat.» Cette injonction procède d'une idée bien enracinée: le peuple est toujours bon, le mal vient du pouvoir. Dans cette logique, on a successivement, et parfois même simultanément, reproché au régime algérien de vouloir éradiquer le terrorisme, d'en être incapable et de le commanditer. En guise de solidarité avec le peuple algérien, on a refusé de désigner par leurs noms les responsables des massacres: l'AIS naguère et le GIA toujours. J'espère que le meeting clarifiera les choses, sans aucune complaisance pour les autorités, et