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Libération

L'île de Fidel Castro attend Jean Paul II aujourd'hui. Cuba toujours terre de mission. Mis à mal par le castrisme, le catholicisme resterait une religion de façade.

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publié le 21 janvier 1998 à 16h36

La Havane envoyés spéciaux

En cette avant-veille de visite papale, Miguel est allé à son école avec sur son T-shirt l'image imprimée de Jean Paul II. Il n'a pas pu entrer. Mais l'instituteur lui a dit que, si son maillot portait à la fois l'effigie du pape et de Fidel Castro, il serait à nouveau le bienvenue. Aujourd'hui, Cuba pourrait se résumer à cette petite histoire de T-shirt qui dit, à sa manière, que le voyage du pape est bel et bien le dernier avatar de la révolution cubaine, son ultime épisode en date. Ainsi, c'est sur la monumentale place de la Révolution que le souverain pontife dira la messe. Il parlera à partir d'une tribune en forme de colombe à l'instant de l'envol. Derrière lui, un christ immense, peint avec des couleurs lumineuses sur un panneau de bois, recouvre toute la façade de la Bibliothèque nationale. Mais, à sa gauche, Jean Paul II aura la statue de José Marti, père de l'indépendance cubaine, libre penseur et franc-maçon notoires. Et, à sa droite, au fronton du ministère de l'Intérieur, le portrait stylisé en fer forgé du Che, sous lequel, dit-on, se tiendra le Lider maximo.

Une colombe sur Fidel. A voir cette extraordinaire bataille de symboles, on mesure combien les négociations ont dû être pointilleuses entre le régime et l'Eglise pour que chacun y trouve son compte. On dirait même que ces symboles communiquent. A l'orgueilleux regard du Che, répond celui plus humble, mais où perce le défi, d'un Jésus à cheveux longs sur la poitrine duquel brille,