Menu
Libération

Espagne: un «suicide assisté» relance le débat sur l'euthanasie. Sampedro, tétraplégique, s'est empoisonné au cyanure.

Article réservé aux abonnés
publié le 22 janvier 1998 à 16h44

Madrid, de notre correspondant.

Dix jours après le crime, la police espagnole recherche toujours la personne qui a «suicidé» Ramon Sampedro. Ce tétraplégique galicien de 55 ans se battait depuis des années pour sa propre euthanasie. Il était remonté jusqu'à la Cour européenne des droits de l'homme. Sans succès. Fatigué de «tant de bureaucratie», il avait annoncé son intention d'en finir, aidé «d'un ami proche». Il est mort empoisonné au cyanure, brouillant les pistes sur «l'ami proche», pour lui éviter une peine qui peut atteindre trois ans de prison.

Ce suicide assisté a réveillé en Espagne le débat sur la dépénalisation de l'euthanasie, débat ouvert par ce même Ramon Sampedro, en 1993, quand il avait commencé son long parcours devant les tribunaux. Le Tribunal constitutionnel avait rejeté un nouveau recours, il y a six mois, et le tétraplégique préparait, depuis, sa sortie de scène: «La tyrannie des lois est indigne: le code pénal n'interdit pas le suicide, mais interdit l'aide au suicide.» Il avait déménagé, quitté sa famille et s'était installé dans une ville proche de son village natal. Plusieurs personnes, surtout des amies, l'entouraient. Une dizaine d'entre elles possédaient les clés de son appartement, ce qui complique la tâche de la police à l'heure d'identifier celle qui a pu l'aider dans son suicide.

Ramon Sampedro avait coutume de dire qu'il était un cerveau accroché à un corps mort. Depuis son accident, à l'âge de 26 ans, depuis cette sale chute sur des rochers l