Alger, envoyé spécial.
Au cours d'un discours-fleuve de quatre heures, mercredi soir, le Premier ministre algérien, Ahmed Ouyahia, a annoncé le renforcement de la politique d'armement des civils grâce à des groupes d'autodéfense et la création cette année de plus de cent nouvelles brigades de police devant prendre la relève de l'armée face au terrorisme. Sans préciser les critères, sujet de polémiques ces dernières semaines (qui et quand arme-t-on les gens?), il a confirmé le développement des groupes de «légitime défense» (5 000 déjà sur pied, une centaine à venir). Il a maintenu la position gouvernementale de ces derniers mois en ces mots: «Le renforcement se poursuit dans la perspective du retour de l'armée à sa mission originelle de défense des frontières.» En d'autres termes, pour le pouvoir, ce n'est pas la fonction des militaires de sortir de leurs casernes, même voisines, pour mettre en fuite des commandos d'égorgeurs. Dans les régions autrefois contrôlées par les groupes islamistes, à l'est et à l'ouest d'Alger, la survie des villageois dépend selon lui de leur mobilisation et de leur dynamisme à s'armer, à s'organiser en milices et à collaborer avec la police et la gendarmerie. De fait, le Premier ministre n'a pas directement répondu aux questions que se posent en permanence les Algériens sur le rôle de l'armée, son inefficacité à protéger les villages et banlieues lors de certains massacres, son impuissance à poursuivre et à anéantir les tueurs. En Algérie, comme