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ALGERIE. Mutualité: des intellectuels contre «l'amalgame».

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Au meeting de mercredi, ils ont refusé de renvoyer «dos à dos» le pouvoir algérien et les terroristes.
publié le 23 janvier 1998 à 16h48
(mis à jour le 23 janvier 1998 à 16h48)

Deux survivantes, deux rescapées, ont longuement raconté leur calvaire, mercredi soir, à la tribune de la Mutualité, au cours du meeting de solidarité organisé par Génération Ecologie et des intellectuels français contre les massacres. Désignant le GIA, le Groupe islamique armé, comme leurs tortionnaires, elles se sont exprimées en arabe, Khalida Messaoudi, députée d'Alger, traduisant leur terrible récit. Zubeida, voilée de noir, 23 ans, a vu toute sa famille assassinée et a été enlevée avec ses sept cousines. Réduite en esclavage dans un campement islamiste, elle a d'abord été violée par l'«émir national» puis par tous les autres hommes du groupe. Elle a assisté aux tortures et aux meurtres des autres jeunes filles enlevées avant elle. Au bout de trois mois elle a réussi à s'en-fuir. Voilée de rouge, Yamina a 40 ans et huit enfants. Bergère, elle a été enlevée alors qu'elle gardait ses moutons. Comme Zubeida, les kidnappeurs ont commencé par la dénuder et l'ont emmenée dans un campement. L'émir la trouvait «trop vieille», mais il l'a violée avant de la passer à ses hommes. Elle aussi a miraculeusement survécu en prenant la fuite dans la nuit. Depuis, elle n'a pas revu ses enfants.

Des récits dont les détails de l'horreur sont inimaginables en cette fin de vingtième siècle. Ils justifient d'être qualifiés, comme l'a fait Robert Badinter, de «crimes contre l'humanité»: «Les assassinats collectifs, les viols collectifs, les égorgements de bébés, d'enfants, de vieillards, port