Djakarta, envoyé spécial.
Il y a deux Djakarta. Celui des autoroutes encombrées qui frôlent les gratte-ciel ostentatoires du centre-ville incarnation d'un «miracle asiatique» aujourd'hui fort mal en point , et celui de la grande misère des bidonvilles surpeuplés où, en plein jour, on voit parfois des femmes qui se lavent nues sur les margelles des égouts à ciel ouvert. A l'échelle de ce pays de 200 millions d'habitants, les disparités sont encore plus criantes. Un récent journal de la télévision officielle montrait Tommy Suharto, l'un des six enfants millionnaires du Président, se rendant à une conférence de presse dans sa Rolls Royce bleue, et, peu après, la détresse des habitants de la province de l'Irian Jaya, en proie à la famine.
Les mesures du FMI. La crise économique qui frappe l'Indonésie depuis le mois de novembre risque de rendre la coexistence entre ces deux mondes de plus en plus impossible. La hausse des prix entraînée par la chute spectaculaire de la monnaie, la roupie indonésienne, a provoqué une ruée sur les biens de première nécessité au début du mois. Les mesures de dérégulation de l'économie contenues dans l'accord signé la semaine dernière entre le président Suharto et le directeur du Fonds monétaire international, Michel Camdessus, sont de nature à attiser plus encore la flambée inflationniste. Avec la fermeture de nombreuses industries, le chômage va augmenter substantiellement. L'armée, qui dit avoir pris des «mesures préventives», s'apprête à faire f